Partir quatre ou cinq jours. Ailleurs. Tranquillement. Voilà l’idée. Il ne s’agissait pas que le temps suspende son vol – non, ce n’était pas ça. Il fallait que je m’y suspende. Je serais un mobile de Calder posé sur des rochers. Je serais un paravent de Jean Genet que les intempéries gauchiraient. Car j’aurais de la pluie et du soleil – c’est ainsi que je voyais l’Écosse. Qui cogneraient des roches, pour l’essentiel, des mares et des mottes. Oui, j’aimai cette idée. Le désir naquit, je le marmottai, puis le clamai, me l’arrogeai.
Alors, je partis en Écosse, cinq jours. En avril. Je n’eus presque pas de pluie – mais de la neige, par tempêtes ; des grêlons, par grappes ; et du soleil. Je roulai dans le pays, principalement dans les Highlands – mot qu’on pourrait traduire par – qu’on ne traduira pas, finalement, car c’est encore plus haut que ça, plus grand. Malgré moi (je croyais seulement rouler et regarder, avec des yeux ronds), je pris des photos, beaucoup, que je pensais annoter, et puis non – je les livre ici dans le plus simple appareil ; les voici donc jetées sans explications, sans raison, sans justifications, dans un ordre chronologique, toutefois. Alphabétique ? – d’Aberdeen à Aberdeen, cela ne voudrait pas dire grand-chose. Et pourtant, c’est une belle boucle. Presque une esperluette – gauchie par les siècles, celle-ci, par le temps qui a passé, là-bas, et qui se détache peu à peu de moi. On appelle ça le décalage horaire. Par chance, de retour en France, laissé à quai par le train-train, je m’étonne encore que certaines voitures puissent rouler à droite. Celles-ci ne rêvent pas ; tant pis pour elle. Quant à l’Écosse, elle était au milieu du chemin.
Sylvain Zorzin.
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